Produit par Netflix et diffusé sur la plateforme à partir de 2019, Mosul est un film de guerre tourné par Matthew Michael Carnahan et qui, malgré ses limites, mérite largement le détour. Tourné en langue arabe à Casablanca avec des acteurs originaires d’Irak, de Jordanie, de Tunisie ou du Maroc, il devrait faire rougir bien des cinéastes par son économie de moyens et d’effets et la puissance de ses images.
Il faut dire que son réalisateur ne tombe pas du ciel. Scénariste pour Peter Berg (le très impressionnant Deep Water, en 2016, et surtout le remarquable The Kingdom, en 2007), Robert Redford (Lions et agneaux, en 2007) ou Kevin MacDonald (Jeux de pouvoir, 2009), Matthew Michael Carnahan est un auteur sobre, attentif aux détails et au réalisme mais toujours conscient des enjeux. Le scénario de Mosul, écrit avec Mahmood Jumaah, un auteur irakien est issu d’un très long article du New Yorker, « The Desperate Battle To Destroy ISIS », publié au mois de janvier 2017 alors que la défaite du groupe jihadiste était encore lointaine (Note : elle l’est toujours, mais c’est une autre histoire).
Le film, inspiré par l’article, suit le combat d’une unité irrégulière irakienne, une SWAT team, engagée à Mossoul, la grande ville du nord du pays où fut proclamé le Califat le 29 juin 2014, contre les membres de l’État islamique. Il s’attache particulièrement au personnage d’un jeune policier, sauvé par les commandos de l’équipe, recruté par leur chef au milieu du champ de bataille et entraîné avec eux dans une mission dont nous ne dirons rien ici.
Violent sans être racoleur, âpre sans être sec, le film de Carnahan est une très convaincante reconstitution de la bataille de Mossoul. Dans une ville ravagée, véritable Stalingrad-sur-le-Tigre, immense labyrinthe de ruines poussiéreuses partagées entre jihadistes, milices pro-iraniennes incontrôlables et forces irakiennes corrompues, le petit groupe de soldats se fraye un chemin d’escarmouches en embuscades jusqu’à son objectif. Évoquant parfois, par sa progression, le rythme d’Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola (1979), le récit offre des moments très émouvants, comme la rencontre avec les deux orphelins près du check point, et des combats plutôt réalistes (mention spéciale aux drones des jihadistes).


Loin d’être une œuvre de propagande, Mosul, dont la mise en scène classique n’a certes rien de virtuose, constitue une excellente surprise. A défaut d’être un grand film, il s’agit d’une journée déterminante dans la vie de son personnage principal, jeune policier devenu en quelques heures un chef de bande, et d’une initiation convaincante à la guerre contre l’État islamique. A montrer et sans doute à revoir.